Le 22 octobre dernier, un des plus vieux campements de Roms en région parisienne a été démantelé dans l’urgence, laissant des dizaines de familles sur le carreau à la veille de l’hiver. Cette opération s’ajoute à la longue liste des expulsions forcées, qui ne fait que s’allonger depuis quelques années. Une situation humanitaire complexe à laquelle les associations et les collectivités, livrées à elles-mêmes, peinent à trouver des solutions.
C’est un gymnase qu’on trouve difficilement, caché au bout d’une petite ruelle au nord de Paris. Des vélos sont garés à l’entrée et quelques personnes profitent du soleil couchant pour fumer une cigarette. À l’intérieur d’une salle polyvalente qui sent la peinture fraîche, des enfants jouent au basket-ball sur l’un des paniers. Autour d’eux, des lits de camps ont été installés le long des murs.
Nous sommes le jeudi 23 octobre. La veille, les 200 habitants du camp de Bobigny ont été embarqués dans des autobus, plusieurs sans savoir où ils allaient. Si certaines personnes ont été relogées en province, une soixantaine a trouvé refuge dans ce gymnase, en attendant mieux.
« L’expulsion a été très brutale, même si on s’y attendait plus ou moins », raconte Marin, ce père de famille bulgare de quarante ans, invalide du bras droit. « La réalité, c’est que les chiens et les chats vivent mieux que nous ici. Quand ils nous ont expulsé du bidonville et qu’ils ont tout détruit, un policier a sauvé le chien! Vous vous rendez compte? »
Les parents ignorent combien de temps ils pourront rester au gymnase, ni où ils iront ensuite. La majorité de leurs enfants allaient à l’école de Bobigny, leur parcours scolaire est donc suspendu pour le moment. « On ne veut pas d’argent, on ne veut pas grand chose. Juste un logement pour pouvoir scolariser mon fils, et pour aller prendre des cours de français moi-même. Je veux absolument que mon fils aille à l’école pour ne pas qu’il finisse comme moi », explique Marin.
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