Igloofest : un festival à ciel ouvert au milieu de l’hiver québécois

Un récit de l’intérieur d’un igloo
FRANCOIS_ROUSSEAU_IF_045

Enfiler son habit de neige, sa combinaison de ski et ses bottes Sorel pour aller fouler le sol enneigé au son de l’ électro : voilà comment on affronte l’hiver au Québec.  Ici, la musique ne connaît pas le froid et moi non plus. Sans surprise la programmation musicale de 2014 est à la hauteur de la température : impressionnante. Les talents de l’électro, de la techno, House et de la minimale sont venus d’un peu partout pour faire danser les têtes givrées qui n’attendent que le rythme de leur beat pour se réchauffer.

Le week-end du 18 janvier lançait le coup d’envoi de la huitième édition d’Igloofest, un festival aujourd’hui incontournable de l’hiver montréalais. Pourtant, plusieurs ne se doutaient pas du succès qu’allait connaître l’événement quand il a commencé. Il faut avouer que l’idée d’aller danser à la belle étoile à -20 degrés était déjà bien barrée. Mais qu’à cela ne tienne, chaque année ce sont des dizaines de milliers d’amateurs de musique électro qui viennent braver le froid sibérien pour profiter de la fête.

La soirée de samedi nous réservait une spéciale house progressive britannique avec Breach et Skream, histoire de bien briser la glace. Aussi, je décidai d’aller y jeter un coup d’œil. J’y allais un peu nonchalamment, en habituée de cet événement annuel, comme on va boire une bière dans notre bar de quartier habituel. C’était que j’avais oublié tout l’enchantement que procure Igloofest.

Mais ce Week-end réservait aussi d’autres noms d’exception, avec pas moins que Art Department et Matthew Dear.

À peine arrivée au Vieux-Port, on entend déjà retentir les basses au loin, on voit la masse de monde sortir du métro et se diriger vers l’emplacement du festival. Près du monumental pont Jacques Cartier (d’architecture furieusement nord-américaine), le site nous permet d’admirer la ville derrière, fauve et colorée, mêlant moderne et ancien. Après quelques minutes d’attente, on entre sur le site, et, c’est là que la magie opère.

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Cette année encore l’équipe s’est dépassée : le village d’igloos s’est transformé en une nouvelle scène interactive qui marie arts visuels et musique locale. La scène principale a été améliorée en taille et avec ses jeux de lumières impressionnants. Des bars et un toboggan de glace, sans oublier les traditionnelles guimauves sur le feu : tout y est. Je me retrouve dans le cœur de la bête, la nuit est lancée.

Les gens, vêtus de leurs habits de neige les plus colorés (certains sont carrément déguisés), sautent à tout va et se déchaînent au son de la musique de Breach. Les grosses basses réchauffent l’atmosphère et pour la plupart, le froid n’est plus un problème. Il est quasiment 23h et Skream arrive en renfort sur la scène.

Le géant du dubstep est maintenant aux platines. La foule venue l’acclamer est en délire. La température est plutôt douce ce soir (– 5 degré), et certains en viennent à se déshabiller tellement l’ambiance est chaude. Le DJ lui-même n’en revient pas et le fait savoir sur son compte twitter.

Shits getting crazy it’s -5 and these people are raving…. So hyped for my set! @igloofest http://t.co/DPvldz3FKI

Oliver Jones (@I_Skream) 19 Janvier 2014

La drague sous trois épaisseurs de laines

 Si certains fans viennent uniquement pour écouter la musique, certains ne sont pas rassasiés. Et c’est toujours aussi amusant de voir que même emmitouflés sous trois épaisseurs de laines, bonnet et capuche, la température ne refroidit pas les ardeurs de certains festivaliers. Des approches du genre « elle est cool ta tuque ! », lancée par une Québécoise au regard intéressé, à « t’es vraiment une belle femme » d’un Français voulant m’aborder un peu maladroitement, sont des expériences normales à Igloofest.

Il faut dire qu’au milieu de cette atmosphère décontractée, les rencontres se font plus facilement. L’objectif de l’événement est aussi de rassembler les gens, d’après Michel Quintal, directeur de la programmation, cité dans le magazine Voir. « Tout le monde est dans le même bateau – les gens se déguisent un peu, y’a le concours de one-piece, etc – et y’a quelque chose de très rassembleur. Aussi, le fait d’être en habit de neige, ça enlève beaucoup de différentiation par le style des gens. Tout le monde a un gros manteau et tu n’es pas à ton meilleur, disons. Y’a quelque chose de très bon enfant là-dedans. Les gens se parlent beaucoup, des gens qui ne se connaissent pas. Les interactions entre les gens sont faciles, vraies

L’autre objectif, complètement réussi selon moi, est de rendre la musique électro plus accessible. Plusieurs ne sont pas des habitués du genre musical, et l’évènement leur permet de découvrir les meilleurs talents. « Je ne connaissais pas vraiment les DJs ce soir, je suis surtout venue pour faire la fête avec mes amis, mais j’adore ! » m’explique Leila, étudiante.

Peu importe les raisons pour lesquelles on va à Igloofest, de mon côté, je me sens inévitablement retourner en enfance.

Il est presque 1h du matin, je sors de la foule survoltée au son d’une dubstep aux allures disco, mes amis font un tour au toboggan de glace, et on rentre se réchauffer, avec l’impression d’avoir à nouveau dix ans.

On y retourne le week end prochain pour Adam Beyer !

– 30 –

Publié sur Novaplanet.com le 3 février 2014.

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